Nouveaux essais d'électroculture
(Revue Scientifique, 18 février 1893.)
Les lecteurs de la Revue ont été mis récemment au courant de l'état actuel de la question de l'électroculture (1). Nous avons aujourd'hui à leur faire connaitre quelques nouveaux essais qui ont été tentés dans cette voie par l'emploi de l'électricité dynamique ou statique, et qui ont donné de curieux résultats.
M. E. Lagrange, dans les expériences faites sur des terrains dépendant de l'École militaire belge, a procédé comme il suit: un terrain rectangulaire de 33 mètres de longueur sur 8 mètres de largeur, dont toutes les parties étaient formées d'un sol identique et exposées de la même manière aux actions du soleil, du vent et de la pluie, a été divisé en trois parties égales, dans lesquelles on a ensemencé des pommes de terre en nombre égal.
Le premier secteur a été traité suivant une méthode réglée par M. Spechnew, c'est-à-dire que les pommes de terre y ont été placées entre des plaques de zinc et de cuivre, et sous l'axe d'un fil conducteur de 8 mètres, réunissant ces plaques au-dessus du sol. Les plaques rectangulaires mesuraient 30 centimètres carrés; quant aux fils métalliques conducteurs, ils étaient soutenus au-dessus du sol par des isolateurs en porcelaine, supportés par des cordes transversales.
Le second secteur fut cultivé à la façon ordinaire. Le troisième secteur fut semé d'une série de petits paratonnerres dont la tige, terminée par quatre pieds rectangulaires, s'enfonçait de 15 centimères dans le sol et le dépassait de 50 centimètres. Ces petits paratonnerres étaient formés de fil de fer galvanisé, et la tige avait été aiguisée en pointe. Ils étaient enfoncés dans le sol entre les pommes de terre, de telle sorte que leurs pieds fussent situés au niveau du plan de semage. Cette disposition était une modification d'un second procédé imaginé par M. Spechnew, pour étudier l'influence de l'électricité statique et qui consistait à répartir sur le terrain des poteaux surmontés de couronnes métalliques munies à leur partie supérieure de pointes en cuivre doré, et réunies entre elles par des conducteurs.
Or, les résultats obtenus par M. Lagrange ont été les suivants : la récolte obtenue dans le troisième secteur a été beaucoup plus belle que les autres, et a été, en outre, obtenue quinze jours plus tôt.
Tandis que le secteur cultivé par la méthode ordinaire donnait 80 kilogrammes, le troisième secteur donnait 163 kilogrammes. Par contre, le premier secteur, traité par la méthode dynamique de M. Spechnew, n'a donné que 50 kilogrammes,
et il semblerait que cette méthode dût être décidément condamnée, si l'on n'avait cependant observé que l'apparition du feuillage et des fleurs avait été plus précoce sur les plantes du premier secteur que sur celles des deux autres, et qu'elles avaient conservé pendant l'année un feuillage plus épais et plus touffu. Ces observations restent donc favorables à la culture, par ce procédé, des légumes dont on consomme le feuillage.
En même temps que M. Lagrange disposait ces intéressantes expériences, M. Paulin, le directeur des écoles de Montbrison, faisait connaître les résultats qu'il avait obtenus à l'aide de son géomagnétifère, qui n'est autre chose qu'une grande tige de paratonnerre, supportée par un mât en bois et en liaison intime avec un réseau de fils métalliques enfouis sous le sol. Bien que M. Paulin isole soigneusement la tige métallique du support en bois qui la soutient, ce qui paraît assez peu logique, cependant les résultats obtenus auraient été, d'après les constatations faites par diverses commissions, très favorables à la grande culture.
En somme, toutes ces observations confirment le fait étudié par M. Berthelot, à savoir qu'en établissant, entre un sol nu ou bien un sol où pousse une plante et l'atmosphère une différence de potentiel, de sens quelconque, on active fortement l'assimilation de l'azote par les microbes du sol.
Source :
Revue Scientifique, 18 février 1893.
(1) Voir, dans la Revue Scientifique du 12 mars 1892, p. 339, l'article de M. Montpellier : «Influence de l'éclairage électrique sur les plantes.
Revue internationale d'électrothérapie et de radiothérapie, page 314
publié par Georges Gautier, Jules Louis Franc̜ois Adrian Larat
Commentaires
J'ai pu constater cette année cette différence dans mon propre jardin potager. Dans une parcelle j'ai installé une antenne atmosphérique de 6m30 de haut et j'ai équipé une autre parcelle à coté avec un panneau solaire relié à 1 fil de fer galvanisé enterré de chaque coté de la parcelle de sorte d'envoyer un léger courant ou champ électrique sur toute la parcelle entre les fils comme pour imiter le dispositif de Spechnew qui crée ce champ électrique à l'aide des plaques de cuivre et de zinc relié de chaque coté de la parcelle.
Effectivement au printemps les plants de la parcelle avec le panneau solaire ont démarré plus rapidement et semblait ainsi pousser plus rapidement que les mêmes plants de la parcelle avec l'antenne atmosphérique. Cependant durant l'été les plants de la parcelle avec l'antenne atmosphérique ont pu rattraper la croissance des plants de l'autre parcelle. En fin de saison les plants de la parcelle Spechnew fait avec le panneau solaire avait fini leur cycle de vie plus rapidement et ont fini plus petit que ceux de l'autre parcelle. Près de l'antenne atmosphérique les plants ont fini avec une taille bien supérieur.
Il en ressort que la technique Spechnew accélère la croissance en début de saison et réduit la saison. Le feuillage semble plus favoriser comparer aux racines si on compare avec l'autre parcelle. Par exemple le feuillage des plants de topinambour sont rester verts plus longtemps mais la taille des plants étaient légèrement plus petits. Sur le tournesol la taille était un peu plus petit et la floraison s'est terminé plus rapidement. Pour la betterave rouge aussi la taille finale un peu plus petite. Pareil sur les fleurs de glaïeuls qui ont fleuri plus tôt mais le feuillage et hauteur plus petite.
Dans la parcelle avec l'antenne atmosphérique il y a eu le plus grand tournesol et plus grosse betterave rouge, aussi plus grandes fleur de glaïeuls, mais tout ces plants ont poussé plus lentement au début de saisons et ont rattraper le retard durant l'été pour ensuite finir tous plus grand en fin de saison avec une maturité aussi un peu plus tard. J'estime un décalage d'environ 1 à 4 semaines constaté en octobre, ce qui est une différence importante.
Selon le contexte et zone climatique ou l'on cultive la réduction de la durée de croissance jusqu'à maturité des plants, donc la réduction de la saison peut être très intéressant, la précocité aussi pour les fleurs ou certains légumes n'est pas à négliger. Cependant si le temps est disponible et qu'on souhaite des résultats les plus grands alors l'antenne atmosphérique est nettement plus avantageuse et intéressante.
Dans les deux cas, j'ai pu remarqué dans mon jardin que la croissance est nettement plus grande que comparé à une parcelle sans aucun de ces dispositifs, bien du simple au double. Entre les deux dispositifs la différence est aussi assez importante et peut aller aussi du simple au double mais je dirait une estimation de environ 20 à 50 % en terme de quantité et de taille des plants.
J'espère que ces observations et l'article historique ci-dessus ont pu vous éclairer sur le fonctionnement de ces dispositifs et les résultats qu'on peut en attendre. Quand j'ai lu cet article ces résultats m'ont tout de suite rappeler ce que j'avais moi-même observé cette année au potager. Comme quoi de vieux articles ne perdent pas de leur valeur scientifique ni informatif avec le temps dans le domaine de l'électroculture.
Yannick Van Doorne, ingénieur agronome pionnier en électroculture depuis 1998.
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